La seconde jeunesse de Claire Supiot

A bientôt 51 ans, la nageuse angevine, ancienne star tricolore des bassins en valide, empile les titres et les perfs en handisport. Itinéraire d’une femme, d’une mère et d’une sportive épanouie.

Claire Supiot a repris son abonnement aux podiums. Nationaux, internationaux… La nageuse française comptait parmi les meilleures, en valide, au cœur des années 80. Ses dernières consécrations majeures, elle les a connues en 1988, l’année des Jeux Olympiques de Séoul qu’elle a disputés sur 200m papillon (éliminée en séries). Soit 30 ans, tout juste, avant de remporter son premier titre international en handisport. C’était à Dublin lors de ses premiers championnats d’Europe disputés avec l’équipe de France sous les couleurs de la FFH.

La double médaillée (argent 400 m NL et bronze sur 800 m NL) des Jeux méditerranéens valides 1987 a décroché l’or sur 50 m nage libre en Irlande l’été dernier. « Faire retentir la Marseillaise était très fort, explique Claire Supiot, également médaillée d’argent sur 400 m nage libre et de bronze sur 200 m 4 nages et 100  nage libre. J’ai toujours travaillé pour être polyvalente. »

LES MARQUES CONTINUENT DE TOMBER

Une culture qu’elle a retrouvée sous la houlette de la nouvelle direction sportive de la natation handisport. Et qu’elle a mise en lumière lors des championnats de France petit bassin de Thionville les 15 et 16 décembre. Claire Supiot s’est encore parée d’or en Moselle, où le titre toutes catégories était décerné au nageur, sans distinction de sexe et de classes de handicap (les tables de cotation permettant de maintenir l’équité), capable d’afficher la meilleure moyenne après six courses différentes. « C’est une grande satisfaction d’avoir gagné, se réjouit cette mère de trois enfants, déjà sacrée dix fois en France durant sa première vie de nageuse. A l’arrivée, je devance des talents comme Ugo Didier, Alex Portal ou encore Anaëlle Roulet qui ont réalisé de belles performances. » La doyenne de l’équipe de France handisport s’est même permis d’ajouter deux meilleures performances européennes sur 50 et 100 mètres nage libre.

La licenciée d’Angers Natation Course met désormais le cap sereinement sur les premières épreuves internationales et les championnats de France, qualificatifs pour les championnats du monde 2019. Avec cette même envie et cette même soif de victoires qui l’anime depuis son retour à la compétition.

Un retour effectué il y a trois ans environ. Touchée en 2008 par la maladie de Charcot-Marie-Tooth (maladie neurologique rare touchant les nerfs périphériques et entraînant des faiblesses musculaires et une diminution de la sensibilité), qui la pénalise pour plonger et dans les virages (pas d’impulsion), en même temps qu’elle engendre plus rapidement de la fatigue, Claire Supiot se consacre à ses trois enfants. A sa vie personnelle et professionnelle. « Pour une mère célibataire, les enfants, le travail et les tâches quotidiennes… C’est une petite entreprise… Puis une amie m’a emmené à des cours d’aquagym. J’ai alors repris plaisir à aller dans l’eau et très vite j’ai eu envie de plus. » Ses enfants grandissant et devenant autonomes, elle suit son frère de retour dans le Maine-et-Loire pour reprendre la natation. Au fil des sensations retrouvées, l’ambition grandit. Direction Angers Natation Course où elle s’entraîne avec son frère et un entraîneur du club. « C’était le bon moment. Mes enfants son grands, j’ai un emploi, un conjoint… Je pouvais y aller, lance-t-elle. Dès le début, j’ai eu envie de nager au très haut niveau en handisport. »

PREMIÈRE ÉPREUVE INTERNATIONALE IPC À 50 ANS

Clin d’œil de l’histoire, elle a disputé sa première épreuve internationale, à Sheffield, le 28 février 2018. Le jour même de ses 50 ans. « Je me souviens de la joie ressentie lorsque j’ai reçu ma dotation France. J’étais comme une enfant d’avoir mon nom sur le bonnet. C’était la première fois. » Claire Supiot, référente handicap pour le Conseil départemental du Maine-et-Loire, est comme ça. A la fois mature et spontanée. « Je savoure davantage ma réussite actuelle que celle connue à l’époque. Je me sens posée, plus sage, développe celle qui assume aussi le rôle de représentante de la discipline au Conseil des athlètes de la FFH. J’ai mon objectif et je ne me laisse pas divertir. » Objectif dit-elle ?

Si elle refuse d’annoncer la couleur des médailles visées lors des prochaines échéances internationales et notamment aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020, Claire Supiot avoue que son rêve est de voir le Japon. // J. Soyer