Ugo Didier, promesses tenues

3 septembre 2018

Champion du monde S9 sur 100 m dos en décembre à Mexico, Ugo Didier a confirmé lors des championnats d’Europe au mois d’août, à Dublin (Irlande). Ne se contentant pas seulement du titre, le nageur de l’équipe de France handisport et de Cugnaux a établi un nouveau record d’Europe (1.03’10), quelques semaines seulement après l’obtention de son Bac S avec mention TB.

Ugo Didier, 17 ans le 11 septembre, est né les pieds bots et les membres inférieurs atrophiés. Passionné de sport, il ne pouvait pratiquer que la natation. « Je ne peux ni courir, ni sauter », explique-t-il. Mais dans l’eau, le nageur de Cugnaux, où il s’entraîne majoritairement, affole les chronos, notamment sur le dos. Champion du monde, champion d’Europe et nouveau recordman d’Europe sur 100 m dos, il est lancé dans des études supérieures à l’INSA Toulouse et songe aux Mondiaux 2019 et aux Jeux de Tokyo 2020.

 « Ugo par ses performances et son investissement doit inspirer les jeunes, la relève et ses équipiers actuels. » Ces mots de Sami El Gueddari, le directeur sportif de la natation tricolore handisport témoigne de la performance du jeune nageur des Bleus, champion d’Europe et recordman continental sur 100 m dos S9.

« Cela fait très plaisir. Ce fut une agréable surprise puisque ce n’est pas forcément ce que je venais chercher » explique-t-il. Après un coude à coude indécis jusqu’à la fin avec le nageur italien, Ugo Didier n’a pas compris tout de suite qu’il venait ‘établir un nouveau record d’Europe. « Comme je suis myope, je ne parvenais pas à lire précisément ce qui était indiqué sur le tableau, développe l’Occitan. Je savais que le record d’Europe était tombé mais je n’ai saisi que c’était moi qu’à l’annonce du speaker de la piscine et en regardant les sourires des Français. »

Malgré son jeune âge, le Tricolore a parfaitement su  appréhender le rendez-vous majeur de sa saison. « Ce ne fut pas simple parce que l’épreuve s’étendait sur toute une semaine. Et je n’ai pas commencé par le 100 m dos, ma spécialité. Ce fut un peu long mais finalement, ce ne fut pas si mal. » La course s’est déroulée comme il l’avait imaginée après les séries, où il a établi le meilleur temps devant l’Italien. « Je me doutais qu’il allait partir plus vite que moi et qu’il me faudrait le double sur le deuxième 50 m, explique Ugo Didier. Tout cela est arrivé. » La joie est immense. Il y a derrière ce sacre et ce record la satisfaction du devoir accompli.

CAP SUR LES ÉTUDES SUPÉRIEURES

Encore plus grâce à la médaille d’argent décrochée sur le 200m 4 nages. « Il a fallu rester concentré et faire abstraction de la fatigue puisque cette course a eu lieu dès le lendemain du 100 m dos .J’étais rentré à l’hôtel à minuit et j’avais quand même vécu des émotions très fortes. J’ai été bien aidé par le reste de l’équipe pour me remettre dedans. »

Après quelques jours de vacances, Ugo Didier s’est déjà tourné vers l’avenir. « Je sais que cela n’est qu’un début. Il va falloir continuer à travailler dur pour en gagner d’autres et aller aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020. »

Avant cela, l’enfant de Cugnaux va vivre une nouvelle étape dans sa vie extra-sportive. « A partir de lundi 3 septembre, je vais intégrer l’Insa (Institut National des Sciences Appliquées) de Toulouse Rangueil et vivre en appartement près de l’école. Je vais donc me concentrer sur ma rentrée cette semaine et je reprendrai l’entraînement autour du 10 car la natation me manque déjà. »  // J. Soyer